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Le crowdfunding immobilier, un moyen de financement participatif en plein essor mais risqué

Depuis quelques années déjà, le financement participatif, ou “crowdfunding”, n’a cessé d’envahir la sphère numérique à travers le monde. Et le marché immobilier ne semble pas avoir échappé à l’engouement suscité par ce dispositif aux valeurs collaboratives. En France, en activité depuis seulement quelques années, ce marché aurait collecté plus de 55 millions d’euros en 2016.

Le crowdfunding est un dispositif permettant à des acteurs divers et variés (sociétés, associations, start-ups, particuliers, etc.) en quête de fonds de recourir à des plateformes web spécialisées afin de récolter le budget nécessaire pour financer leur projet. En contournant de la sorte les conséquences de la crise financière et la difficulté de contracter un prêt, les porteurs de projet font ainsi appel à la générosité d’internautes, endossant la casquette d’e-investisseurs pour l’occasion, qui participent à une aventure collective en investissant une somme pouvant aller de quelques centaines à quelques milliers d’euros.

Dans le même principe et comme son nom l’indique, le crowdfunding immobilier concerne quant à lui le secteur immobilier, idéal pour ceux qui souhaitent donc investir dans des projets immobiliers. Devant une demande grandissante au fil des années, de nouvelles plateformes proposant ce service ne cessent de s’implanter sur le territoire français pour un public qui se laisse de plus en plus tenter par cette expérience immobilière.

 

Vidéo “Le crowdfunding immobilier, comment ça marche” publiée sur Lefigaro.fr.

 

Dans un article du Figaro daté du 27 mai 2016 [NDLR : accessible via le site Hellocrowdfunding.com], Danièle Guinot, journaliste, résume le concept du crowdfunding immobilier : “Des plateformes font appel aux internautes pour financer des projets immobiliers. La plupart du temps, ces derniers prêtent des fonds propres à des promoteurs locaux principalement de taille modeste ou moyenne. Une fois l’immeuble construit, les investisseurs sont censés récupérer leur capital et des intérêts généralement compris entre 6 % et 12 % par an.”

Selon le baromètre annuel du crowdfunding immobilier en France établi par la plateforme Fundimmo et publié le 25 janvier 2017, l’année 2016 a été plus que fructueuse pour le secteur puisqu’il a généré 55,2 millions d’euros collectés auprès de 20 567 investisseurs, soit quasiment le double par rapport à l’année précédente. Selon ce même baromètre réalisé auprès de 17 plateformes de crowdfunding immobilier, parmi les 131 projets financés, 13,1 millions d’euros ont été remboursés, avec un rendement moyen de 9,4 % “distribué à l’occasion de ces remboursements”.

Pour l’agrégateur de crowdfunding immobilier HelloCrowdfunding, qui recense aujourd’hui 21 plateformes spécialisées en France, dont 17 agréées, près de 85,3 millions d’euros ont été collectés depuis 2012. Selon son baromètre annuel 2016, les principaux leaders de ce marché sont Wiseed, Anaxago, Lymo, Clubfunding, Fundimmo et Crowdfunding-immo. Ces plateformes se partagent d’ailleurs plus de 92 % des fonds récoltés jusqu’ici.

 

Baromètre du crowfunding immobilier en France, Fundimmo (2016)

 

HelloCrowdfunding a également mis en ligne un “Bilan du financement participatif immobilier en 2016” riche d’informations, où l’on peut par exemple apprendre que le “ticket moyen constaté par HelloCrowdfunding est de 6 795 euros, ce qui révèle des disparités entre les plateformes. Certaines plateformes privilégient la foule (crowd) en proposant un ticket d’entrée faible à 100 euros ou en limitant le montant par investisseur. D’autres plateformes s’ouvrent aux investisseurs institutionnels ou family offices capables d’investir plusieurs dizaines de milliers d’euros. Des plateformes sont victimes de leur succès, des collectes étant clôturées en quelques minutes. Ceci provoque le mécontentement des investisseurs non servis et pose la question du ticket maximum. En tous cas, cela démontre le fort engouement pour le financement participatif immobilier”.

Pourtant, même si les investisseurs peuvent se laisser séduire par des rendements attractifs, il est tout de même primordial de rester prudents et de ne pas négliger les risques encourus avec ce type d’opérations. Tout d’abord, avant de se lancer dans un investissement participatif, il est évidemment nécessaire de s’assurer de la viabilité et de la faisabilité du projet. De plus, ce marché est toujours en pleine implantation et les plateformes de crowdfunding qui le composent restent relativement jeunes. Afin de remédier à une crédibilité et une notoriété encore fragiles du fait du caractère émergent de ce marché, les statuts de “Conseiller en Investissement Participatif” (CIP) et “Intermédiaire en Financement Participatif” (IFP) permettent aux plateformes qui en bénéficient de rassurer les futurs épargnants.

Pour la première fois cependant, plusieurs centaines d’investisseurs pourraient perdre les fonds investis dans des projets immobiliers, a relaté BFM Business le 18 janvier 2017. En effet, “une procédure de redressement judiciaire a été rendue le 14 janvier 2017 à l’encontre de Terlat Industries”, selon Lesechos.fr. Ce promoteur immobilier, spécialisé entre autres dans la construction en bois, a eu recours au financement participatif pour financer six projets de construction, tout en misant sur le financement d’un investisseur privé à hauteur de 50 millions d’euros qui ne verra finalement jamais le jour. Les deux plateformes de crowdfunding immobilier Wiseed et Anaxago, par lesquelles le promoteur était passé et qui ont levé près de 2,8 millions d’euros pour ces projets, n’excluent pas une liquidation de l’activité du promoteur. “Pour le moment, trois projets du groupe Terlat sont très clairement en retard, leur remboursement n’ayant pas été effectué à la date convenue”, indique ainsi HelloCrowdfunding sur son blog.


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